L’amour humide…

Mon corps s’est levé dans la tristesse ce matin.
Alors j’écris dans cet état. Etrange, solitaire, lointain.

Je voulais être seule. Et je le suis.
Je voulais tout quitter et je suis partie.
Abandonner même ceux que j’aime, surtout ceux que j’aime, avant de l’être moi-même.
Cette peur enfantine de ne pas savoir me faire aimer.

Cette solitude, si extraordinairement douloureuse, me rappelle que j’ai une âme, que je sens davantage dans le désespoir.
Je me retrouve face à moi-même et je me fais peur.
Tellement il y a de richesse et de pauvreté, de désespoir et d’espoir.

Il ne me reste plus qu’à choisir. C’est le grand tournant.
Réussir sa vie, oser affronter ses rêves… si proches qu’ils font peur.
Ou comme beaucoup, laisser la vie les effriter, lentement, secrètement. Puis faire semblant d’être heureux.

Et ce rêve fou de croire que je vais trouver l’âme soeur. Ici. Si loin.
Mais j’ose rêver, croire et j’en souffre.

Car mon corps ne sait plus ce que c’est qu’aimer, physiquement, sensuellement.
Car il refuse les caresses d’un regard trop froid, la douceur de mains trop intéressées.

Car mon âme est plus que jamais présente et a pris possession de ce corps qui ne s’aime pas.

Il a aimé dans la moiteur du carrelage, trop rugueux.
Il a aimé sous le chant de la pluie.
Exotique-Exotisme.
La rencontre de deux corps qui ne s’aiment pas, qui se cherchent pour des secondes d’illusion.

Je me suis surprise à ne rien ressentir, à ne pas savoir gémir.
A me dégoûter tellement mon absence était grande.
Seul le son de la pluie me parlait.
Ce n’était pas un rêve, cette voix qui réclamait plus.
J’ai pris peur soudain. Ce corps n’était plus le mien.
Revenu à son état de non-être, d’enveloppe de rien.

Ce n’était pas moi cette fille que je regardais de loin.
Dont l’âme pleurait d’une tristesse moite.
Pour celui dont je ne regretterai aucun regard.
Pour celui qui saura tout consoler d’une caresse sans se moquer.
Pour celui qui ne viendra peut-être jamais.

Alors l’amour était humide cette nuit-là, de désespoir.

Ecrits intimes – 1997
Photographie de Mira Nedyalkova.